Contrairement à ce qui se passe au palais du Bardo, le Parlement d’enfants semble méthodique et fructueux. Le débat est plus enrichissant. Tour à tour, les petits élus ont leur mot à dire. Apolitiques, ils paraissent plus politiques que nos politiques. Ils ont fait un tour d’horizon des questions liées à la santé, à l’environnement, aux droits des enfants, à l’éducation, à la culture et aux médias. Ils ont pointé du doigt la situation précaire dans laquelle s’enlise le pays.
Pas si loin de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), dans son bâtiment annexe, à l’ancien siège de la Chambre des conseillers à l’époque de Ben Ali, le Parlement d’enfants a tenu, hier matin, la session ordinaire de sa 2ème législature 2019-2020, en présence des jeunes écoliers nouvellement élus, issus des 24 gouvernorats du pays. Attendus à l’ouverture, comme prévu, le président de l’ARP et la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des personnes âgées ont brillé par leur absence. Tous les deux avaient, alors, donné le mauvais exemple d’assiduité et d’engagement pour les bonnes causes de l’enfant.
Plus d’une heure de retard, la plénière a commencé sous l’égide de Mme Samira Chaouachi, premier vice-président de l’ARP. Dans son mot d’ouverture, elle a fait valoir le Parlement d’enfants, le considérant comme l’une des institutions les plus importantes à laquelle on doit accorder un intérêt tout particulier. Décideurs politiques, législateurs et toutes les parties concernées, insiste-t-elle, sont appelés à prendre au sérieux les propositions et recommandations de ce Parlement, à même d’être à l’écoute des préoccupations des enfants. C’est bien, juge-t-elle, le sens d’un processus participatif qu’on devrait poursuivre dans la continuité des générations et pour lequel on doit s’impliquer davantage. Pour le grand bonheur de nos enfants, aujourd’hui, gravement menacés par les maux de la société. A l’école ou dans la rue, l’enfant n’est plus en sécurité. Il est sujet à des comportements à risque : consommation de drogue, violence, traite des personnes, exploitation sexuelle et bien d’autres crimes émergents. De toute façon, a-t-elle conclu, tout ce qu’ils vont proposer, de leur plein gré, on n’aura qu’à l’adopter volontiers.
120 petits élus
Sur cette lancée, Mme Hajer Chérif, directrice générale de l’Observatoire des droits de l’enfant, a donné un aperçu de fonctionnement de ce Parlement. Il se compose de 120 élus, soit 5 enfants pour chaque gouvernorat, pour un mandat de deux ans. Par rapport à l’ARP, cette institution n’a pas, semble-t-il, dérogé à la règle. Parité, équité, discrimination positive de la région et égalité des chances, tous ces principes électoraux sont parfaitement consacrés, relève-t-elle. Cette nouvelle session est d’autant plus exceptionnelle qu’elle se distingue par son ordre du jour. Cette fois-ci, a-t-elle ajouté, le débat se focalise, plutôt, sur le contenu des feuilles politiques propres à chacune des cinq commissions parlementaires. « Les sujets à débattre sont liés à des secteurs vitaux qu’on traite sous un angle aussi important que celui des droits de l’enfant », précise-t- elle. Voilà, à ses dires, une nouvelle méthodologie à suivre, essentiellement basée sur la démocratie participative. Et de poursuivre, « on voudrait les former sur le pourquoi et comment voir les choses.. ». La méthode du discours parlementaire, en quelque sorte. Puis, la parole passée aux petits enfants.
Contrairement à ce qui se passe au palais du Bardo, le Parlement d’enfants semble méthodique et fructueux. Le débat est plus enrichissant. Tour à tour, les petits élus ont leur mot à dire. Apolitiques, ils paraissent plus politiques que nos politiques. Ils ont fait un tour d’horizon des questions liées à la santé, à l’environnement, aux droits des enfants, à l’éducation, à la culture et aux médias. Ils ont pointé du doigt la situation précaire dans laquelle s’enlise le pays. Pollution, décharges arbitraires, soins insuffisants, révision de l’horaire scolaire, déscolarisation en hausse, image stéréotypée de l’enfant dans les médias, consommation des stupéfiants au milieu éducatif, taux élevé de la violence faite à l’enfance, la liste des préoccupations est assez longue. Sur ces points, nos petits parlementaires ont eu raison. Ils ont, d’ailleurs, évoqué ce qu’a été oublié par nos députés.